À la rencontre de Morsad
Des mots sur l’art élargit son horizon en direction des révélations : après Martine Lyon, photographe, voici Morsad, jeune talent pictural, dont la période liminaire est riche de promesses.
Depuis 2008, il mène de front emploi et activité artistique, encore essentiellement faite d’études figuratives.
À l’académie de la Croix Nivert, il s’initie à l’Histoire de l’Art, copie, aborde toutes les techniques et tous les thèmes, essaie tous les supports.
Ses débuts, classiques et très diversifiés, traduisent une belle aisance et trahissent une personnalité plastique naissante.
Allons donc à sa rencontre !
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Morsad a banalement commencé par des croquis, mais d’emblée il nous touche par une détermination, qui fait fi de toute timidité ; son crayon, net et appuyé, est à l’évidence guidé par une urgence intérieure.
Il se confie volontiers, en suggérant qu’il est né deux fois : une première fois dans les années quatre-vingts, sur un rivage de Méditerranée, une seconde, en poussant la porte d’un atelier puis de l’académie de peinture. Loin des violences relationnelles, culturelles et religieuses, il met un terme à une errance insatisfaisante et trouve une voie d’apaisement et d’authenticité.
La planète Art devient sa terre d’adoption.
Le mal-être de l’éternel étranger se dissipe, enfin.
Les progrès sont alors fulgurants !
Pierre noire et mine de plomb sont rapidement mêlées d’encres et rehaussées de blanc, de sanguine, de pastel, de craie ou de fusain.
Huile et acrylique se conjuguent pour créer de la profondeur et mettre un point final au tableau; en atteste l’arbre feuillu au premier plan du Village niché dans la vallée.
Non seulement, les volumes et la lumière sont maîtrisés comme d’instinct par l’emploi de ces techniques mixtes ; mais encore les grands formats s’imposent rapidement et le dessin préparatoire devient vite superflu.
Pastel, gouache, lavis et aquarelle permettent de « peindre en dessinant et de dessiner en peignant. »
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Avide de culture, Morsad n’est nullement insensible à la leçon des maîtres ; il s’est d’abord tourné vers les Ténébristes (Vinci, Rembrandt, Caravage et Zurbaran), dont les images étaient sans doute des métaphores de son humeur mélancolique ; mais aujourd’hui il leur préfère les Impressionnistes et les grands Coloristes (tel David Hockney), dont la lumière ressuscite peut-être celle des origines méditerranéennes…
Son inspiration s’affranchit progressivement de la copie ; il emprunte aux paysages de David Hockey l’art de la composition, mais fait œuvre personnelle et voilà qu’il célèbre comme personne « l’anniversaire du monde » : ses touches de couleurs scintillent comme autant de bougies.
Assurément, il est réconcilié avec lui-même et les autres.
Et la paix intérieure restaure les dons d’enfance, qui sommeillaient encore en lui.
Il joue avec les citations picturales et opère, par exemple, la rencontre inattendue d’une sorcière et d’une montre molle !
Il redevient synesthète, découvre de mystérieux accords entre sons et couleurs, connaît le plaisir de peindre au rythme de la musique et de choisir coloris et pinceaux en fonction des instruments de l’orchestre.
Et, habité par cette symphonie visuelle, il cherche de nouvelles correspondances entre peinture et littérature : depuis sa découverte de Dostoievski, n’a-t-il pas le projet de donner à voir les rêves de Raskolnikov ?
Voilà qui est prometteur !
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Au terme de sa première exposition, il s’avère que les travaux de Morsad répondent à un instinct de survie, un « besoin », aurait dit le poète Rainer-Maria Rilke.
Loin d’être un passe-temps, la pratique des Arts plastiques lui permet de traduire ses émotions en métaphores, de se confronter à d’autres êtres, d’autres cultures et, par-dessus tout, de trouver son authenticité.
À l’évidence, son entrée en Art répond à la question de Picasso :
« Dans chaque enfant, il y a un artiste; comment le rester en grandissant ? »
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VOUS POUVEZ VOIR LE FILM ICI :
http://www.dailymotion.com/video/x1vgczi