Reste un peu, film de Gad Elmaleh
Un film d’une rare intelligence, qui sonne toujours juste même si fiction et réalité se mêlent ; la confrontation des points de vue (juif, catholique et sceptique) donne de la profondeur au scénario, qui poursuit une quête d’identité plus encore qu’une quête spirituelle.
Cette quête passe par un exil de soi et Gad interprète à merveille cet état de perdition. Pour revenir à soi-même, on peut emprunter divers chemins dont celui du cœur ou de la raison ?
Ces voies partagent le Christianisme (sensible) du Judaïsme (toujours cérébral et donc irrésistiblement drôle). Ainsi le film confronte l’austérité juive avec les charmes du Baroque (le beau, le spectaculaire, le faste catho, les idoles aussi – cf. la désopilante évocation de l’enterrement et la réplique d’anthologie « j’aurais aimé être à la place du défunt.»)
J’avoue avoir beaucoup ri aux propos des rabbins qui démontrent que ce qu’il y a de juste dans la chrétienté c’est la judéité, dont on ne peut pas sortir, et qui développent la question : une conversion pour quoi faire ? Puisque l’important est de revenir à soi.
En ce qui concerne Gad, revenir à l’émotion d’enfance, ressentie à Casablanca, lorsqu’il est entré par effraction dans une Eglise. Autrement dit, revenir à sa nature éminemment sensible, qui fait de lui un artiste.